29 August 2020
Joint statement signed by 16 human rights organisations, including Statewatch.
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English (French below)
On Wednesday 19 August, Abdulfatah Hamdallah, a Sudanese refugee from western Kordofan, was found dead on a beach in Sangatte, in Pas-de-Calais, after trying to cross the strait that separates the United Kingdom from France aboard a makeshift boat. [1]
One more death.
Abdulfatah Hamdallah is not the first person who has died trying to reach England. In Calais, like elsewhere in the European Union and at its gates, [2] men, women and children are dying trying to cross borders in the hope of escaping from war, persecution and misery – or merely of finding a better life elsewhere.
Local activists in Calais estimate that since 1999 at least 275 people have died at this border area: died from drowning as they attempt to cross the Channel or to board a ferry in the port of Calais, crashed under the load of a truck in which they had hidden, electrocuted by Eurostar’s overhead lines or, simply, died from lack of access to healthcare or reception facilities. [3]
Marlène Schiappa, French Minister Delegate in charge of citizenship, considered it appropriate to react on social networks, where she tweeted: “This unbearable drama is mobilising us even + [i.e. ‘more’] with @GDarmanin to act against the smugglers who take advantage of the distress of human beings!”. [4] The British Home Secretary, Piri Patel, followed suit, saying: “This is an upsetting and tragic loss of a young life. This horrendous incident serves as a brutal reminder of the abhorrent criminal gangs and people smugglers who exploit vulnerable people. Working together we are determined to stop them”. [5]
Two birds with one stone. In unison, the British and French governments are using the same arguments. Not only are they clearing themselves of any responsibility for the death of Abdulfatah Hamdallah, but they are once again pointing to the figure of the “smuggler” as the sole culprit of these “immigration tragedies”.
It would however be important to recall some obvious facts. “Smugglers” and “abhorrent criminal gangs” only exist because displaced people, fleeing wars and authoritarian powers, economic and ecological crises, are deprived of their freedom of movement. For nearly 30 years, the EU and its member states have done anything in their power to push further away these “undesirables” in search of protection. What is happening in the Strait of Pas-de-Calais is just a grim reproduction of situations in the Mediterranean and the Aegean Sea.
The Franco-British border is therefore no exception. A succession of texts and bilateral agreements [6] have transformed this cross-border area into a fortified zone, ever more controlled, always creating further obstacles to desperate attempts at crossing by displaced people. Following the erection of barriers at the port and on its bypass in 2014, [7] the Eurotunnel site was fortified in 2015 [8] and a “green wall” intended to prevent any attempted intrusion on the port bypass was built. In recent days, faced with the arrival of several boats from the French coasts, the British authorities have proven yet more inventive in making this border-crossing “impracticable”, in the words of the British Prime Minister. [9] They even considered deploying navy ships, drones and planes.
Violent deterrence as the only political strategy. For the exiled people stranded in Calais, the situation has turned into a daily hell [10] where they are subjected to undignified living conditions and to regular intimidation and police violence. [11]
The death of Abdulfatah Hamdallah, like all the others, are not “human tragedies” caused by “abhorrent criminal gangs and smugglers”. They are the consequence of the deadly migration policies of the EU and its member states, which leave exiles with no alternative to taking disproportionate risks in order to seek protection or a better future, which neither their country nor Europe is willing to give them.
Signatories
À Calais, Abdulfatah Hamdallah, victime des politiques migratoires européennes
Le 19 août dernier, Abdulfatah Hamdallah, un exilé soudanais originaire du Kordofan occidental, a été retrouvé mort sur une plage de Sangatte, dans le Pas-de-Calais, après avoir tenté de traverser le détroit qui sépare le Royaume-Uni de la France à bord d’une embarcation de fortune [1].
Encore un mort. Un mort de plus.
Abdulfatah Hamdallah n’est pas le premier à avoir trouvé la mort en tentant de rallier l’Angleterre. À Calais comme ailleurs dans l’Union européenne (UE) [2] et aux portes de celle-ci, des hommes, des femmes, des enfants meurent en essayant de franchir les frontières dans l’espoir d’échapper à la guerre, aux persécutions, à la misère ou tout simplement à la recherche d’une vie meilleure. Les militant-es présent-es sur le terrain ont calculé que, depuis 1999, au moins 275 personnes étaient mortes dans cette zone transfrontalière : mortes noyées en tentant de traverser la Manche ou de monter à bord d’un ferry dans le port de Calais, mortes écrasées par la cargaison d’un camion dans lequel elles s’étaient cachées, électrocutées par les caténaires de l’Eurostar ou tout simplement victimes des défaillances dans l’accès aux soins ou de l’absence de dispositifs d’accueil [3].
Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la citoyenneté, a cru bon réagir sur les réseaux sociaux et a tweeté : « Ce drame insupportable nous mobilise encore + avec @GDarmanin contre les passeurs qui profitent de la détresse d’êtres humains ! » [4]. La ministre de l’intérieur britannique, Piri Patel, lui a emboîté le pas en déclarant : « Il s’agit de la perte bouleversante et tragique d’une jeune vie. Cet horrible incident nous rappelle brutalement l’existence des odieux gangs criminels et des passeurs de clandestins qui exploitent les personnes vulnérables. En travaillant ensemble, nous sommes déterminés à les arrêter » [5].
D’une pierre, deux coups. À l’unisson, gouvernements britannique et français usent des mêmes arguments. Non seulement ils se dédouanent de leur responsabilité dans le décès d’Abdulfatah Hamdallah, mais ils mobilisent - une fois de plus - la figure du « passeur » pour désigner l’unique coupable des « drames de l’immigration ».
Or, il serait bon de rappeler quelques évidences. « Les passeurs » et autres « odieux gangs criminels » n’existent que parce que des personnes en exil, fuyant guerres et pouvoirs autoritaires, crises économiques et écologiques, sont privées de leur liberté de circuler. Depuis près de 30 ans, l’UE et ses États membres n’ont eu de cesse, par tous moyens, de vouloir refouler toujours plus loin les « indésirables » en quête de protection. Ce qui se passe dans le détroit du Pas-de-Calais n’est qu’une sinistre reproduction des situations en Méditerranée ou la mer Égée.
La frontière franco-britannique n’est donc pas une exception. Une succession de textes et d’accords bilatéraux [6], ont transformé cet espace transfrontalier en zone fortifiée, toujours davantage contrôlée, entravant toujours plus les tentatives désespérées des exilé⋅es. Après l’érection de barrières au niveau du site et de la rocade portuaire en 2014 [7], est venue la fortification du site Eurotunnel en 2015 [8], puis la construction d’un « mur végétalisé » destiné à empêcher toute tentative d’intrusion sur la rocade portuaire. Ces derniers jours, face à l’arrivée de plusieurs bateaux depuis les côtes françaises, les autorités britanniques ont fait assaut d’imagination, pour rendre cette traversée « impraticable » selon les termes du premier ministre britannique [9] jusqu’à envisager de déployer des navires de la marine, des drones et même des avions.
La dissuasion violente comme seule perspective politique. Pour les personnes exilées bloquées à Calais, la situation est devenue un enfer au quotidien [10] : soumises à des conditions de vie indignes et en butte quotidiennement aux intimidations et aux violences policières [11].
La mort d’Abdulfatah Hamdallah, pas plus que toutes les autres, n’est un « drame humain » due à d’« odieux gangs de criminels et de passeurs ». Elle est la conséquence des politiques migratoires meurtrières de l’UE et des États membres qui ne laissent comme seule alternative aux exilé⋅es que la prise des risques inconsidérés afin de chercher une protection ou un avenir meilleur que ni leur pays, ni l’Europe ne veulent leur offrir.
Signataires
[1] The Guardian, 20 août 2020, « Drowned Sudanese refugee identified as Abdulfatah Hamdallah ».
[2] Cartographie #Theborderkills.
[3] Article « Voir Calais et mourir » paru en juin 2016 dans la revue Plein droit ; l’énumération non exhaustive sur timeglider.com des personnes migrantes décédées à la frontière entre la France et l’Angleterre ; L’observatoire des migrants morts à Calais
[6] Du protocole de Sangatte (1991) au Traité du Touquet (2003), en passant par le Traité de Sandhurst (2018)
[7] Les barrières à l’intérieur du site portuaire sont doublées ; sur une distance de deux kilomètres le long de la rocade accédant à la zone portuaire, une double clôture est érigée, l’une de 4 mètres de haut et l’autre d’un peu moins de 3 mètres, équipée d’une rampe d’accès incurvée pour éviter qu’on ne s’y s’agrippe, et surmontée d’un fil barbelé. Entre les deux clôtures, un espace de détection infrarouge a été installé.
[8] 29 kms de barrières sont érigées pour « sécuriser » le site, une centaine d’hectares boisés sont rasés et Eurotunnel acquiert des drones pour faciliter la détection des « intrus ».
[9] InfoMigrants, 10 août 2020, « Face à l’afflux de migrants, Londres veut rendre “impraticable” la traversée de la Manche ».
[10] L’Humanité, 11 août 2020, « Calais : l’État aggrave la situation des exilés »
[11] Ouest France, 14 août 2020, « Migrants. Des associations de Calais saisissent la Défenseure des droits et des rapporteurs de l’ONU - 13 associations d’aide aux migrants basées à Calais ont saisi ce vendredi 14 août la Défenseure des droits et des rapporteurs de l’ONU pour « dénoncer les exactions récurrentes commises par les pouvoirs publics ».
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